"La novlangue managériale : Emprise et résistance" d'Agnès Vandevelde-Rougale

Le livre récent de Agnès VANDEVELDE-ROUGALE intitulé "La novlangue managériale : Emprise et résistance" (Ed ERES) apporte une contribution théorique forte à un point sur lequel nous insistons ici : l'idéologie gestionnaire ne se limite pas à créer du mal être au travail, elle participe aussi et surtout au formatage des imaginaires, des univers symboliques, des émotions, ce qui devrait logiquement interpeller le théâtre et les arts.

L'auteure possède une bonne expérience des organisations, et ses analyses ne s'enferment pas dans un seul corpus scientifique. L'ethnographie, l'anthropologie et la sociologie clinique sont mis en œuvre de même que la psychosociologie, la linguistique, la psychanalyse ou encore la sociologie générale.
La "valeur ajoutée" décisive de cet ouvrage (pour employer la novlangue en question) réside dans la façon de décrire comment l'idéologie managériale altère les imaginaires. La fameux slogan "T.I.N.A." pour "There Is No Alternative" ne s'applique donc pas seulement à la gestion de l'économie mais en fait surtout à tordre les imaginaires et anesthésier les émotions. Cette idéologie a pris le pouvoir symbolique.
On voit ainsi pourquoi sur le fond il nous parait si important que le théâtre (et les arts plus largement) soit au rendez vous de sa mission émancipatrice, s'il y tient encore. 
C'est la leçon de ce livre savant mais très accessible dont on conseille vivement la lecture pour en découdre avec la novlangue managériale.