"Le théâtre pour transformer le monde" par Adèle Cassigneul

Comment le théâtre aujourd’hui peut -il redevenir un moyen efficace pour non seulement refléter la société mais également contribuer à son changement ?

C'est la question centrale de cet article de Adèle Cassigneul (spécialiste des cultures anglo-saxonnes à l'Université de Toulouse) sur le théâtre politique contemporain, paru en 2016 sur "La vie des idées". Son analyse part de l'ouvrage de Florian Malzacher "Not Just A Mirror : Looking For The Political Theatre of Today" (Berlin: Alexander Verlag, 2015), qu'elle décrit comme un "appel à remettre en mouvement". Publié par House on Fire, un réseau de scènes européennes qui réunit dix programmateurs "pour accompagner ou produire des spectacles et des évènements s’attaquant à des sujets (politiques, économiques, sociaux ou environnementaux) brûlants".

Citons sa conclusion : "Par leur optimisme et leurs espérances, les auteurs-créateurs témoignent de leur profonde confiance dans le pouvoir réformateur de l’expérience théâtrale, dans sa capacité à susciter l’éveil, la prise de conscience, l’engagement. ... Leur enthousiasme peut paraître utopique, leur envie de transformer le théâtre en «pratique sociale » idéaliste. Il s’agit pourtant de faire de la scène une « lieu de friction »,...de « mobiliser le désir »...de travailler pour « un avenir qui n’est plus ce qu’il était », comme le formule J. Jordan. De reformer un avenir citoyen. Il s’agit de s’élancer vers le prochain lieu, celui qui n’existe pas encore ; un lieu autre, commun et festif qui réinvente la démocratie."

Les choses ont elles changé depuis 2015 ?
"Héritier des avant-gardes du début du XXe siècle ... et de celles des années 1960-70 (performances, art conceptuel, installations), le théâtre politique contemporain s’ancre -t-il (souvent) de plain pied dans une modernité en mouvement, faisant de ses formes le reflet d’un monde en mutation.".... " Tout comme leurs aînés, les créateurs actuels revendiquent -ils un activisme créatif – ou « activisme » – pour souligner notre pressant besoin d’investissement ?

Réinventer la démocratie peut-il s'imaginer sans traiter du monde du travail, un lieu où elle n'existe pas ?