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A voir " La grande et fabuleuse histoire du commerce " de Joël Pommerat

15 Novembre 2013, 18:37pm

Publié par Gilbert Edelin

Novembre est décidément un mois propice à des spectacles remarquables sur le monde de l'entreprise. En voici un autre de Joël Pommerat et sa compagnie Louis Brouillard (après ceux de l'Odéon) aux Bouffes du Nord : "La grande et fabuleuse histoire du commerce".
J'aime beaucoup la façon dont cette compagnie travaille et l'univers très élaboré qu'ils nous offrent. Ici, comme l'explique Pommerat on a affaire à un projet entre fiction et document, avec une recherche artistique et une réflexion sociale voire politique.
Le commerce est central dans la société de consommation et la pièce met à nu derrière l'acte de vendre (qu'il ne faut jamais désigner comme tel si l'on est un bon vendeur) l'idéologie qui les sous-tend, la logique mentale qui est celle des vendeurs. On dit souvent qu'un bon vendeur est capable de vendre n'importe quoi, c'est bien illustré ici par le fait qu'on sait à peine ce qu'ils cherchent à vendre ces représentants de commerce. Ils se déplacent en bande (plus qu'en équipe en réalité même s'ils disent le contraire), de terrain de chasse en terrain de chasse, de porte en porte, sans jamais montrer leur produit, une règle de base supposée du bon vendeur. Deux époques, deux générations de commerciaux et deux styles. Le travail est dur et on ne gagne pas toujours facilement sa vie même avec les meilleures recettes. Le travail en équipe pose aussi des problèmes à ces individualistes payés au pourcentage. Les techniques varient mais la violence reste la même, envers les clients qu'il faut séduire par tous les moyens et entre eux où les faiblesses sont interdites. Pourtant l'être humain perce par moment sous la forme de l'épouse au loin et les couples sont broyés dans cette vie de nomade du commerce, pilier de la société comme ils le croient.
Cette fois encore Pommerat explique, dissèque, il ne dénonce pas, ne propose pas mais si je n'ai rien appris sur ce métier j'ai reconnu ses différentes facettes et presque pris pitié de ces individus loosers ou winners sans état d'âme, défenseurs infatigables du système qui les broie.
Le jeu très maîtrisé de tous (des hommes uniquement, cet univers est masculin), la scénographie où le son et la lumière jouent un rôle important tandis que le décor est limité à l'essentiel, une chambre d'hôtel quelconque où l'on se retrouve avant et après la journée pour le bilan.
Bref, un spectacle que je conseille vivement à la fois pour son contenu et pour sa forme.

Encore en tournée...

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