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"L'erreur de calcul" de Régis Debray

31 Octobre 2014, 15:36pm

Publié par Gilbert Edelin

Dans un court essai intitulé "l'erreur de calcul" (ed. du Cerf - 5 €) Régis Debray s'inquiète ainsi du poids de l'économie dans la société :

"S'il y a une crise économique, l'économie est si peu en crise que son ombre portée gouverne aussi bien notre intimité que l'ensemble de notre vie publique et intellectuelle."
Et de regretter que nos mots eux-mêmes soient en train d'y laisser des plumes.

«Chacun s'exprime à l'économie: il gère ...ses enfants, investit un lieu, affronte un challenge, souffre d'un déficit d'image, mais jouit d'un capital de relations.»

Comme dirait encore Jean-Pierre Siméon dans "Sermons Joyeux" (Solitaires intempestifs) :
"Oui ça va mal
oui les temps sont critiques
et de tous les malheurs qui grognent à nos mollets
de tous les abandons qui nous vident le cœur
de toutes les défaites qui nous brisent la nuque
l'enfermement où dans ces heures poisseuses
on tient désormais la langue notre langue
la langue commune la langue partagée populaire
celle-là l'improbable la sauvage et la douce
qui dit la bonté de l'instant
et la chiennerie des jours
cet enfermement-là
qui n'apparait pas
qu'on ne sent pas
qui ne s'avoue pas
de tous nos malheurs pourrait être le pire
...que chacun retourne à son ouvroir intime
forger sa langue étrange et insoumise
non pas celle qui se parfume de vérité
prétendant reproduire la réalité exacte
reality-langue obscène qui prétend dire le tout
quand elle réduit le monde
à l'amas insignifiant des signes
et dont l'upeercut d'évidence stupéfie la pensée
au rebours mes amis inventons la langue abrupte et nue
qui lit le dessous des cartes...
...au constat sec mettez le feu
pour saisir dans sa chaleur
le sens inexprimé des choses"

Vision forte d'un poète inspiré.
D'où l'urgence pour le théâtre de retrouver la langue pour parler d'économie et de la société malade de la gestion (comme dit Vincent de Gauléjac).

 

lire la chronique des Inrocks à ce sujet

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