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Théâtre et politique, modèles et concepts" de Muriel Plana

6 Octobre 2015, 16:47pm

Publié par Gilbert Edelin

Pour poursuivre les réflexions de fond et s'interroger sur la relative absence du monde du travail et du pouvoir de l'économie au théâtre, le livre de Muriel Plana , "Théâtre et politique, Pour un théâtre politique contemporain" (Editions Orizons, 2014), donne un point de vue important.

Comme l'indique la quatrième de couverture "Ce premier volume détermine les conditions de possibilité d'un théâtre politique contemporain, à l'heure où le politique semble avoir déserté les scènes et manquer à l'art comme à la société. Il critique les formes actuelles de théâtre prétendument politiques, distingue le théâtre politique des théâtres asservis à une idéologie et explore tant ses modèles historiques que ses (re)définitions, à travers l'étude de philosophes sensibles à l'idée d'une essence politique du théâtre tels que Badiou, Guénoun, Rancière et Stiegler."
Elle s'y intéresse en particulier à la pensée de H.-T. Lehmann, grand théoricien du théâtre post-dramatique, pour qui l'essentiel rappelons-le n'est plus la fidélité de restitution d'un « texte de rôles » ou de son « message » - quelle qu'en soit la pertinence - mais la façon dont est organisé l'espace scénique, avec ou même sans texte, pour faire naître des émotions signifiantes. Elle écrit ainsi page 66 :

"Puisque nous sommes désormais à l’ère de l’image et des médias, le théâtre postdramatique, théâtre de son temps, serait politique d’une manière nouvelle ; il le serait hors du sens (forcément dogmatique) et hors du discours et du texte (forcément totalitaires) ; il le serait par le travail de « transgression » formelle et morale (la rupture des tabous) qu’il met en œuvre, par la violence infligée au spectateur lorsqu’il est confronté au choc de la réalité, ce que Maryvonne Saison appelle «l’effraction 30», ou du discours sur la réalité (Rodrigo García) comme mise en accusation pulsionnelle et incantatoire. Il se passerait désormais du rapport distancié et rationnel à l’œuvre, que permettaient autrefois le personnage, la fable et la fiction. Prendrons-nous la suite de l’auteur du "Théâtre postdramatique" en nous contentant d’un théâtre inscrit dans la haine du politique et que ses présupposés idéologiques, ses dispositifs et ses formes n’autorisent guère, à l’évidence (son théoricien finit presque, du reste, par en convenir lui-même) à investir, face à l’ordre des choses, le champ de la pensée critique et utopique ni à poser la fameuse question bondienne : comment être humain dans un monde inhumain ? Nous satisferons-nous d’un théâtre qui ne nous donne pas envie de «dialoguer avec nous-même» mais qui nous dit qu’il n’y a rien à comprendre et qui nous conseille, en fin de compte, de nous asseoir et d’attendre la fin ? Probablement pas."

Vu l'importance de ce courant dominant du théâtre contemporain institutionnel ne peut-on pas y voir là en effet une cause essentielle du peu d'empressement à se saisir d'une thématique comme celle du travail ?

Théâtre et politique, modèles et concepts" de Muriel Plana
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