"Dancing" de Natacha de Pontcharra au "Funambule Monmartre

A l'origine de la pièce "Dancing" de Natacha de Pontcharra, il y a un fait divers : " Un patron surprend un de ses employés dansant dans les sanitaires de l'entreprise. Il l'oblige à danser jusqu'à la fermeture des bureaux. L'homme, qui s'exerçait pour un concours de danse, meurt d'une crise cardiaque ".

A voir au "Funambule Monmartre" - 53 rue des Saules - Paris 18^e  du 2 février au 30 mars 2016 par La Cie de théâtre "Les Bunburystes"

La note d'intention du metteur en scène, Paul BRUNA-ROSSO-CARRÉ .

"À l’aube du XXIᵉ siècle, ce fait divers pousse l’auteur à traiter, non pas directement la question lancinante de «Comment cela est-il possible ? », mais le milieu précis où se développent les mécanismes humains pouvant aboutir à de telles horreurs. Dancing prend alors forme, sur un canevas différent, sous la plume de Natacha de Pontcharra. À travers les « sanitaires » de la grande entreprise, elle propose un portrait incisif de ce salariat de bureau érigé en modèle, brossé avec une ironie pleine d’empathie pour la maladresse des uns et des autres. Les salariés s’approprient et entretiennent le discours d’un capitalisme entièrement nourri des frustrations économiques et intimes qu’il développe lui-même ; aliénation consentie à des degrés divers selon les situations, par ces individus tout à la fois bourreaux et victimes d’un travail qui fait d’eux des êtres intrinsèquement intéressés. Cependant, ils gardent également en permanence une distance, leur permettant surtout de se laisser plus ou moins porter par leur sincérité – on ne les fait jamais tout à fait « danser», ils conservent leur petite étincelle de vie.
L’espoir est donc permis aux marches du territoire sans dimensions humaines du « nouveau management » – celui qui incite à une « convivialité » fonctionnant comme un outil discriminant, et allant de pair avec la surveillance entre salariés. Pourtant ces toilettes mixtes que fréquentent les employés de Boxes Market, endroit peut-être plus «authentique » que la porte des fumeurs ou la machine à café, s’inscrivent dans le fonctionnement pernicieux général puisqu'on y relègue à l’occasion le « sale boulot », et qu’elles n’encouragent jamais tout à fait innocemment le lâcher-prise des travailleurs. Représentant un lieu censé être confortable, la scénographie reste suffisamment indéterminée pour évoquer un endroit à la fois dangereux et rassurant, dans une extériorité constante, par rapport à l’entreprise « en tant que telle » mais plus encore, par rapport au reste du monde. Aussi, la musique originale traduit cette suspension surréelle de l’action, inquiétante et mélancolique, cette étrangeté qui entoure même les six personnages. ...un texte grinçant et doux-amer, mais loin d’être dénué d’humour et de poésie."

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